par Georges Falardeau
Nous vous avons déjà parlé, particulièrement dans un article intitulé Deuxième déplacement de Guillaume Falardeau (ou voir cette page de notre site), de la terre où notre ancêtre s’est établi dans ce qui s’appelait à l’époque la Nouvelle-Lorette.
Nous revenons aujourd’hui sur le sujet pour vous présenter ce que cette terre est devenue, d’abord comment elle est passée aux descendants de Guillaume ou à ses proches, pour finir par sa situation dans le Québec d’aujourd’hui.
Après qu’il eût quitté Beauport, approximativement en 1704, avec son beau-frère Jean-François Bergevin, pour s’établir dans la Seigneurie Saint-Gabriel, les Jésuites ont octroyé verbalement à Guillaume une terre de six arpents de large par 20 arpents de profondeur sur la route Saint-Antoine dite Longue Queue.
Lors de la signature de son contrat en référence avec ladite terre le 10 avril 1714, par le notaire Jean-Robert Duprac, était mentionnée la restriction suivante selon laquelle il ne pourrait jouir de la pleine longueur de sa terre tant et aussi longtemps que lesdits Hurons feraient leurs champs.
Partie de la carte de 1709 de Sieur Catalogne modifiée et sur laquelle on a jumelé le nom ainsi que le numéro. À noter qu’au numéro 541, on retrouve un J. Bergevin qui est en fait Jean-François Bergevin et qu’au numéro 546, un Jn. Bergevin qui est Jean Bergevin.
Géographiquement, et suivant le contrat, la terre de notre ancêtre est bornée du nord-ouest au sud-ouest par une ligne qui la séparera des terres non concédées. Ce n’est qu’à partir de 1742 que l’on voit apparaître les mots « 40 arpents de Hurons » comme borne dans certains documents.
On peut se demander à la vue de cette carte de 1709, pourquoi il tenait à cette terre ? Il y avait deux autres terres de libres. La réponse nous vient du bulletin automne 2011, de la Société d’histoire de la Haute-St-Charles, d’un texte publié par le président, monsieur Mario Lussier.
Voici sommairement ce qu’il mentionne.
Tout le monde connaît la rivière Saint-Charles, au cœur de notre territoire, mais peu d’entre nous connaissent le ruisseau Sainte-Barbe. Ce ruisseau est le fil conducteur de l’établissement d’une partie de la population de La Haute-Saint-Charles. Effectivement, le ruisseau Sainte-Barbe suivait le chemin de la Côte L’Ormière dite Sainte-Barbe. Cette côte, ou ce rang, a été le lieu d’établissement de plusieurs familles pionnières dès le début du 18e siècle. Elles se sont établies puisqu’un ruisseau y coulait. Sur la carte de Gédéon de Catalogne datée de 1709, on retrouve quelques familles dont les Falardeau et les Savard.
Dans une carte qui sera présentée plus loin dans ce document, on constatera que le ruisseau Sainte-Barbe serpente la terre de notre ancêtre dans toute sa longueur et ce ruisseau est un affluent de la rivière Saint-Charles, ce qui en a fait un bon motif pour notre ancêtre de s’établir à cet endroit.
Dans le texte de monsieur Mario Lussier, on retrouve cette carte datée de 1854 et qui est présente dans le bulletin, mais pour plus de clarté, celle-ci provient directement des Archives nationales. A l’extrême gauche, le ruisseau Sainte-Barbe et en parallèle, la route de l’Ormière. Le descriptif de cette carte est en anglais et on mentionne que ce sont les héritiers Savard qui ont vendu leur terre à un dénommé Freeman. Théoriquement, 1854 est l’année de l’abolition du régime seigneurial et où les Jésuites n’octroyaient plus les terres aux censitaires. Cette carte est beaucoup plus ancienne que 1854 d’où l’intérêt de la présenter.
C’est la partie de la carte du début, où on retrouve le nom de notre ancêtre ainsi que le nom de six autres censitaires, qui servira de base pour présenter à l’aide de cartes et de documents d’archives ce qu’il est advenu de la terre de notre ancêtre et des autres censitaires qui se sont succédé.
Notre ancêtre Guillaume, un mois avant son décès, le 30 octobre 1726 et voyant venir la fin, ayant encore des enfants mineurs à la maison et désirant sans doute s’assurer que son épouse Marie-Ambroise Bergevin puisse conserver la terre familiale, a décidé de faire venir l’arpenteur Noël Beaupré afin d’arpenter l’extrémité nord de sa terre afin de donner à ses fils Louis et René, 1 ¾ x 6 arpents chacun. Comme cette partie de la terre est boisée et moins propice à la culture, c’est sans doute pour faire la coupe du bois et permettre à Marie-Ambroise de s’acquitter de ses obligations envers les Jésuites. Le décès de Guillaume est survenu 30 novembre 1726.

Afin d’éviter de présenter le document d’arpentage qui est assez difficile à interpréter, en traçant sur la dernière page comment le partage s’est fait, on peut visualiser la nature de cette démarche. Ne pas tenir compte de l’orientation du dessin, c’est à titre indicatif seulement.
Le 31 mars 1735, soit neuf ans après le décès de Guillaume, on retrouve une demande de tutelle des enfants mineurs de la part de Guillaume fils et de leur oncle Ignace Bergevin.
Acte de tutelle concernant François et Françoise Falardeau (Foulardeau), enfants mineurs du défunt Guillaume Falardeau (Follardeau, Foulardeau) et de Ambroise Bergevin, à la suite de la requête présentée par Guillaume Falardeau (Foulardeau), fils majeur dudit défunt et de ladite Bergevin, lequel invoque le grand âge et la caducité de sa mère, ledit Guillaume Falardeau étant nommé tuteur de ses frères et sœurs mineurs et Ignace Bergevin, leur oncle du côté maternel, étant subrogé tuteur – 31 mars 1735. Transcription des Archives nationales du Québec.
Par la suite, le 14 mai 1735, ce fut la clôture de l’inventaire des biens de la communauté entre Marie-Ambroise Bergevin et le défunt Guillaume Falardeau (Follardeau, Foulardeau). Aux Archives nationales, le document en référence avec l’inventaire des biens est illisible.
Le 16 mai 1735, la terre de Guillaume a été partagée en deux parts, Louis obtenant 2 ¾ arpents de large par 20 arpents de long et Charles obtenant 3 ¼ arpents de large par 20 arpents de long. Cette démarche a été ratifiée par contrat notarié et rendue possible par dotation des frères et sœurs et de Marie-Ambroise, leur mère, en faveur de ces deux enfants…
Le 17 mai 1735, dotation par Marie-Ambroise Bergevin à Charles Falardeau, son fils, de ses meubles et immeubles à son décès. Dans le contrat notarié, Charles devait subvenir aux besoins de sa mère jusqu’à son décès, s’assurer de sa sépulture et autres besoins, faire dire 25 basses messes, etc. Ci-après, on retrouve le texte des Archives nationales.
Le tableau suivant présente les descendants de Guillaume et de Marie-Ambroise et permet de constater rapidement quels enfants étaient mineurs au décès de leur père Guillaume. Il y en avait encore cinq en 1726. Lors de la tutelle en 1735, soit neuf ans plus tard, il y en avait deux, soit Marie-Françoise et Jean-François. Les deux aînés étant déjà mariés et établis sur leur terre et les autres mineurs, on peut comprendre que Guillaume ait décidé de donner une partie de sa terre, un mois avant son décès, à ses fils Louis et René.

Les deux textes présentés plus bas sont la transcription de deux documents en référence avec la tutelle des enfants mineurs et la clôture de l’inventaire des biens de Marie-Ambroise Bergevin.

Dans le tableau qui suit, on retrouve les différents censitaires qui ont occupé les lots présentés au début à différentes époques. En ce qui concerne la terre de notre ancêtre, après Guillaume père, la terre a été divisée entre Louis et Charles. Sur les cartes qui vont suivre, on retrouve donc 10 lots au lieu de neuf. Sur la carte de 1825, on retrouve encore Étienne, fils de Charles Falardeau. Par la suite en 1842, dans un document présenté plus loin, on mentionne que François Falardeau, le fils d’Étienne, est devenu propriétaire de la terre et ce jusqu’en 1870, date de son décès. Il y avait donc encore un Falardeau sur la terre 2 de Guillaume à cette époque. En ce qui concerne la terre de Louis, terre 1, elle a été transférée à Jean Falardeau, sans doute son fils, puis vendue à Pierre Savard qui en a fait don à Charles Savard (probablement son fils). Ce Charles pourrait être celui qui était marié à Félicité Falardeau, descendante de Jean, l’aîné des fils de Guillaume et Marie-Ambroise Bergevin ; par conséquent, on peut croire qu’il y avait encore du Falardeau sur la terre 1 après 1825.

Aveu de dénombrement de 1733. À cette époque, la terre de l’ancêtre était encore à son nom même s’il était décédé. Le partage s’étant fait en 1735.
Une partie de la carte d’Ignace Plamondon, arpenteur, est présentée ci-après. Elle date de 1743, elle couvre plus particulièrement les dix lots et leur environnement qui est en rapport avec notre ancêtre et les autres censitaires. Certains détails ont été ajoutés avec un logiciel comme le nom des censitaires et l’année à laquelle les censitaires étaient présents, soit en 1753, comme mentionné dans le tableau plus haut.
On remarque 10 lots au lieu de 9, comme sur la carte de 1709, ce qui confirme la division de la terre de notre ancêtre Guillaume.
Cette carte est la même que la précédente, cependant elle couvre une plus grande surface. Elle montre le boulevard de l’Ormière (ligne droite au centre) qui se rend au point B, et de là jusqu’au point A. À cette époque la côte Saint-Antoine, aujourd’hui la rue Racine, traverse la rivière Saint-Charles où se trouve la terre des Hurons (Wendake). On remarque qu’il y a plusieurs affluents de la Saint-Charles. Le ruisseau Sainte-Barbe, qui se pointe près des lots 1 et 2, n’est pas encore présent sur cette carte comme passant sur le lot de notre ancêtre.
C’est une partie de la carte que Gilles Falardeau de l’Ancienne-Lorette a présentée et remise à quelques participants lors d’une réunion annuelle de l’Amicale Falardeau.
Cette carte est la dernière qui montre un descendant de la lignée de Guillaume et c’est Étienne (la terre 2). À partir de 1842, c’est son fils François qui a occupé cette partie de terre par la suite. Contrat notarié entre Étienne et son fils François (Tiré des Archives nationales du Québec). A-t-il eu des héritiers ? Je crois que non, du moins, dans la base de données dans l’onglet Généalogie du site de l’Amicale Falardeau, il n’y a pas d’enfant. La terre 1 elle, était passée de Pierre Savard à son fils Charles. Malgré de nombreuses recherches, il n’a pas été possible d’identifier ce Charles pour la suite des choses.

Au début de ce document, on mentionne une terre de trois arpents et un tiers de front sur seize arpents de profondeur (la terre était amputée de quatre arpents en 1842) en ladite paroisse Saint-Ambroise, côte de la Longue Queue, bornée au sud-ouest par Charles Savard (terre 1 sur la carte de 1825) sur laquelle terre sont construites une maison, grange et étable. Ce document fait aussi référence à une deuxième terre à bois située à la montagne et qui n’a aucun lien avec la terre de notre ancêtre. À la toute fin, on peut lire par Mr. Étienne Falardeau et dame Marie Pépin, ses père et mère.

Acte de décès tiré du registre de Saint-Ambroise de la Jeune Lorette en référence avec François Falardeau décédé en 1870, on constate qu’il n’y a aucun témoin Falardeau lors de l’inhumation, ce qui tend à confirmer qu’il n’avait pas d’enfant.
La carte suivante est un extrait tiré du plan de Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette en date du 24 décembre 1873.
Sur cette partie de carte, on peut voir le ruisseau Sainte-Barbe qui traverse le lot de notre ancêtre Guillaume de la 1ère concession Saint-Claude. À remarquer que c’est toujours la même configuration des dix lots jusqu’au boulevard de l’Ormière (la ligne verticale à droite).
La ligne qui traverse le centre des terres est le boulevard Saint-Claude. On remarque sur cette carte des numéros de lots. Le lot 498 était la terre que possédait notre grand-père François Xavier Falardeau en 1906. Ma cousine Louise Falardeau, membre de l’Amicale Falardeau, ainsi que mon cousin Étienne Blouin, arpenteur géomètre, ont fait les recherches afin de documenter toutes les transactions en référence avec l’achat et la vente de cette terre.
On peut conclure qu’il y avait encore un Falardeau sur le lot 2, en la personne de François Falardeau, en 1864 et ce jusqu’à son décès survenu le 12 décembre 1870. (À noter que les noms qui sont mentionnés, soit Louis et Charles, le sont pour situer l’emplacement de la terre de notre ancêtre Guillaume). On constate que le morcellement des terres était amorcé en 1873.
Une vue aérienne de la concession Saint-Claude et des environs en 1948. La configuration de la carte à la page précédente est encore apparente. Le développement de ce secteur a pris son essor dans les années suivantes. À l’extrême droite, la rivière Saint-Charles, la rue Racine qui traverse Loretteville jusqu’au boulevard de l’Ormière et le boulevard Saint-Claude qui traverse les dix terres.

Si vous le désirez, vous pourrez sillonner la ville et ses environs en allant sur un moteur de recherches et en titrant : « Ville de Québec en 1948 ». En haut à l’extrême gauche de la carte, vous avez un petit carré qui indique l’emplacement où vous vous trouvez. Avec une tablette, cela ne fonctionne pas, du moins avec la mienne.

Sur la photo du boulevard Saint-Claude, le numéro civique 12545 traverse directement le centre de la terre de notre ancêtre. À la vue de cette photo, on ne peut qu’observer un moment de silence, en pensant à ceux et celles qui nous ont précédés et qui ont su garder toutes ces références qui nous permettent aujourd’hui de faire ce voyage dans le temps. On peut dire aussi que c’est un long chemin, il suffit de faire un pas en avant pour faire partie de cette épopée et transmettre aux futures générations cette notion du souvenir. Notre devise : « Rassemble et partage ».
Partie de la carte de l’Ancienne-Lorette qui inclut Saint-Ambroise, sur laquelle on peut voir la position des Quarante arpents des Hurons par rapport à la terre de Guillaume. Ceci termine la recherche qui nous permet d’en apprendre un peu plus sur notre ancêtre et ses descendants.
Carte tirée du document : fonds Famille Picard
Merci à François Falardeau pour sa collaboration.
Mario Lussier says:
Bonjour, merci de me citer! Mario Lussier, Président, Société d’histoire de La Haute-Saint-Charles
Boutet Christian says:
Article très intéressant, merci pour les recherches, peut-on avoir la référence des documents présentés, j’ai remarqué que le nom de Boutet apparaissait pas loin de la terre de l’ancêtre Falardeau.
Mario Falardeau says:
Bonjour Christian. J’en ai parlé à François on va s’informer auprès de Georges. Merci de commenter nos articles. La roue commence à tourner !