(Ce texte de Georges Falardeau et de François Falardeau a été originalement publié dans le Bulletin mensuel de l’Amicale généalogique Falardeau, volume 2, numéro 1, janvier 2009.)

Nous poursuivons dans ce bulletin les informations sur les endroits où a habité notre premier ancêtre à s’être établi en Nouvelle-France, Guillaume Falardeau. L’essentiel de cet article a été préparé par Georges Falardeau ; quelques ajouts sont de François Falardeau. Pour commencer, voici une carte que nous avons découverte récemment et que nous utiliserons pour parler du deuxième déplacement de Guillaume Falardeau car, contrairement à la carte de 1702 qui couvrait toutes les seigneuries, celle-ci couvre uniquement celles qui sont en rapport avec le deuxième déplacement de Guillaume.

 

Seigneuries de Charlesbourg.
Source : Brochure Histoire de raconter – Les premières familles
de la paroisse de Charlesbourg.

Pour débuter, il importe de retenir l’étendue de la paroisse Saint-Charles-Borromée de Charlesbourg. Si vous suivez la ligne orange qui contourne toutes les seigneuries, vous aurez une idée de l’étendue de cette paroisse vers 1675. Par la suite, à mesure que de nouveaux arrivants s’installaient dans les différentes seigneuries, de nouvelles paroisses se sont formées et se détacheront graduellement de la paroisse de Charlesbourg.

Joseph Trudelle, dans son livre Charlesbourg : mélanges historiographiques, précise que cette paroisse est composée de sept villages : la petite Auvergne, Saint-Claude, le Bourg-Royal, Saint-Joseph, Saint-Bernard, le Petit Saint-Antoine, autrement dit Saint-Romain (Saint-Romain est situé sur le fief Saint-Ignace), et le Grand Saint-Antoine sur le fief Saint-Gabriel. Il ajoute que par un édit et ordonnance du 3 mars 1722, on ajoutera Le Petit village, Gros-Pin, Bourg-la-Reine, Saint-Pierre, Saint-Bonaventure, Saint-Gabriel, Saint-Jacques et PinCourt. 

Ce n’est qu’en 1794 que nous verrons apparaître une nouvelle paroisse qui couvrira plus particulièrement la seigneurie Saint-Gabriel (lieu où notre ancêtre s’est installé) et la seigneurie Saint-Ignace. Cette paroisse aura pour nom Saint-Ambroise de la Jeune Lorette, ou Nouvelle-Lorette que l’on retrouve dans certains documents. Pour ceux et celles qui ont fait des recherches sur leurs ancêtres, vous avez sans doute remarqué que les registres paroissiaux mentionnaient Charlesbourg, ce qui était évidemment la paroisse où ont eu lieu les baptêmes, mariages et sépultures et non le village. 

Seigneurie Notre-Dame-des-Anges

Richard Lebel, dans sa biographie de Guillaume Falardeau, mentionnait la présence de Guillaume dans Charlesbourg, plus particulièrement au village Saint-Claude situé juste au-dessus du Trait-Carré. Vérification faite, il y avait bien un Joseph Fernando, époux de Madeleine Bailly, parfois appelé par erreur Falardeau, qui habitait dans ces environs. Nous verrons plus loin que le Saint-Claude où a habité notre ancêtre était beaucoup plus à l’ouest.

Il reste un seul document qui nous laisse croire que Guillaume a pu habiter dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges, et par conséquent dans ce qui fut plus tard la ville de Charlesbourg : c’est l’acte de baptême de Louis François Falardeau, fils de Guillaume Falardeau et Marie Ambroise Bergevin. Sur ce document, le prêtre a indiqué que Guillaume et Marie Ambroise habitaient Bourg-Royal, donc dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges. Comme nous n’avons trouvé aucune trace d’une habitation de Guillaume à cet endroit, nous sommes portés à présumer qu’il s’agissait d’une habitation temporaire. Louis étant né le 25 mars 1704, donc en plein hiver, on peut penser que ses parents ont voulu habiter temporairement dans un endroit mieux équipé que l’habitation qu’ils étaient probablement en train de construire dans la seigneurie Saint-Gabriel. Dans les pages qui vont suivre, nous allons justement apporter des précisions sur la présence de Guillaume Falardeau dans la seigneurie Saint-Gabriel, qui est le véritable berceau des familles Falardeau et non Charlesbourg.

Carte des environs de Beauport et Charlesbourg, en 1709.
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

 

Sur cette carte, à l’extrême droite, nous retrouvons, indiquée par une flèche rouge, la première terre habitée par Guillaume au village de Beauport, dont nous avons parlé dans le dernier bulletin, et à l’extrême gauche, la terre de Guillaume dans la Seigneurie Saint-Gabriel, dont nous allons maintenant parler.

 En regardant la toute première carte, à partir de l’extrême droite, la route qui traverse Bourg-Royal, Charlesbourg, Saint-Bernard et Grand Saint-Antoine donne une idée de la distance qui séparait les deux terres. Afin de mieux comprendre ce que représentait ce déménagement, voici un extrait du bulletin L’Ancêtre de Gilles Falardeau :

« Désormais, la route du roi (Saint-Joseph), longue de plus de 3 lieues (une lieue égale plus de quatre kilomètres), séparait la famille Falardeau du village Saint-Michel. On devait parcourir 2 ½ lieues sur cette même route pour se rendre à l’église de Charlesbourg, la première paroisse à s’être établie en retrait des voies navigables. Pour rejoindre le noyau paroissial de Charlesbourg, on devait traverser la rivière Saint-Charles, au village Saint-Antoine (Jeune Lorette) puis, à travers boisés, marais et ruisseaux, longer les lopins de terre défrichés par la nouvelle génération d’habitants canadiens. On utilisait les voitures à roue en été, tandis qu’en saison de neige on se transportait en traîne ou en carriole sur un tracé de route balisée.

L’habitation Falardeau, au bout de la côte Saint-Claude, était précédée de celle du beau-frère François Bergevin, de Jean Dumont, de Siméon Morin, de Jacques Lepage, de Jean Barbot et de Jean Bergevin. Avec son foyer de terre, l’aire de la maison était divisée en deux secteurs : la cuisine et la chambre. »

Guillaume a certainement déménagé, mais en quelle année ? Dans un contrat notarié, on mentionne que 15 ans plus tard, soit le 10 avril 1714, les Jésuites offrent à Guillaume Falardeau ses titres officiels de concessionnaire au sujet d’une terre qu’il avait acquise sans contrat écrit. Si on recule de 15 ans, on se retrouve en 1699, année vers laquelle il aurait quitté Beauport, ce qui est peu probable.

À cette époque, Guillaume et Marie-Ambroise avaient trois enfants, dont René, né le 14 novembre 1698. Ils n’avaient pas d’habitation pour recevoir la famille, pas de terre défrichée, peu de route pour se déplacer, ce qui laisse croire que le déménagement serait survenu un peu plus tard.

Notons en passant la longue période entre la naissance de René et celle de Louis François, qui vit le jour le 25 mars 1704, au Bourg-Royal. Il serait surprenant pour l’époque qu’il n’y ait pas eu un autre enfant entre les deux. Dans le contexte également, on peut douter que Guillaume ait décidé de quitter Beauport du vivant de Jean Bergevin, son beau-père. Comme son décès est survenu le 3 février 1703, Guillaume a sans doute décidé de préparer les lieux afin de pouvoir s’établir dans la seigneurie Saint-Gabriel, en 1704 ou un peu avant. Dans la brochure Histoire de raconter – Les premières familles de Charlesbourg, on retrouve d’ailleurs la mention suivante, dans la partie parlant du Grand-Saint-Antoine, « Avant 1704 – Marie-Ambroise Bergevin et Guillaume Falardeau, 9 enfants ».

Dans le livre précité de Joseph Trudelle, celui-ci énumère les personnes qui vivaient dans les différentes parties de la paroisse de Charlesbourg. On y retrouve le nom de Guillaume ainsi que celui d’une de ses sœurs et de deux frères et une sœur de son épouse :

L’Ormière ou route Ste-Barbe :

  • numéro 1 : Jacques Savard, marié à Ambroise Falardeau;
  • numéro 9 : Jean Bergevin Langevin, marié à Madeleine Tessier;
  • numéro 11 : Siméon Morin, marié à Marie Bergevin;

 Cinquième Route :

  • numéro 6 : Guillaume Falardeau père, marié à Marie Ambroise Bergevin;
  • numéro 7 : Ignace Bergevin Langevin, frère de Marie Ambroise.

Ce qui a probablement décidé Guillaume à venir s’installer à cet endroit est la proximité des différentes rivières, comme la rivière Saint-Charles, la rivière Duberger qui vient se jeter dans la précédente, ainsi que la rivière Sainte-Barbe, qui elle aussi se déverse dans la Saint-Charles. De plus, on y trouve des terres très fertiles, suivant la description de monsieur Joseph Bouchette, arpenteur général du Bas-Canada dans sa description topographique du Bas-Canada, éditée en 1815.

À noter aussi, trois des noms qui ont été mentionnés par Gilles Falardeau, soit les Barbot, Dumont et Morin, se retrouvent aux numéros 3, 4 et 5 de la Cinquième Route, ce qui vient confirmer que Guillaume s’est bien déplacé de Beauport vers la seigneurie Saint-Gabriel.

Partie d’un plan de la paroisse de Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette
de 1873, seigneurie Saint-Gabriel.
Gracieuseté d’Étienne Blouin.

Cette carte présente le nord-ouest de la seigneurie Saint-Gabriel (voir la première carte). La petite rivière sur cette concession est la rivière Sainte-Barbe. Un peu plus haut, soulignée en rouge, c’est la première concession Saint-Claude, où a habité notre ancêtre.

 Dans la partie du bas, au centre, c’est la route de l’Ormière qui monte vers le nord, jusqu’au petit triangle. Vers la droite, c’est la route qui traverse la concession Grand Saint-Antoine et se rend à Charlesbourg dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges, à environ 2½ lieues, soit plus de 10 kilomètres.

La carte qui suit termine la recherche sur le déplacement de l’ancêtre Guillaume Falardeau, en présentant approximativement l’endroit où se situe aujourd’hui l’habitation de notre ancêtre. Au boulevard Saint-Claude en descendant vers le triangle, à la jonction de l’Ormière, se trouverait approximativement la terre de l’ancêtre. Malheureusement, on ne trouve pas de références sur le rang 5. Dans l’extrême droite, nous retrouvons le boulevard Saint-Joseph en provenance de Charlesbourg. Ce boulevard change de nom pour boulevard Bastien qui passe en avant du village des Hurons Wendake.

Endroit où se situerait l’habitation de Guillaume Falardeau.
Capture : Map Point.

Bastien est un nom huron qui, à l’origine, était Sébastien et le nom indien était Ehawenon. À noter, la rivière Saint-Charles qui serpente cette région.

Cette recherche ne permettra pas de répondre à tous les questionnements, ni d’assurer l’authenticité dans tous les écrits, car nous travaillons toujours avec des faits écrits par d’autres et aussi des interprétations propres à chacun ; c’est le cas pour nous aussi. Cependant, cela pourrait peut-être servir de piste à d’autres personnes qui seraient tentées par l’expérience qui est très enrichissante mais combien laborieuse.