(Ce texte de François Falardeau a été originalement publié dans Le Feu Ardent, volume 1, numéro 3, novembre 2011.)

Dans ce bulletin, nous vous parlerons de deux membres de la grande famille Falardeau, qui ont acquis une réputation enviable. L’un d’eux, Philippe Falardeau, est une étoile montante du cinéma québécois. Il connaît actuellement un très grand succès avec le film Monsieur Lazhar, qui représentera le Canada aux Oscars pour le meilleur film étranger. Le second, mon frère Louis Falardeau, grand journaliste comme nous le verrons plus loin, est décédé le 19 septembre 2011.

Philippe Falardeau

J’ai eu le plaisir de parler à Philippe Falardeau le 7 novembre 2011 lors d’une représentation spéciale du film Monsieur Lazhar en présence du réalisateur. Il m’a fourni certaines informations personnelles que j’intégrerai dans l’article. Les autres informations sont tirées principalement du visionnement de ses quatre longs-métrages, de Wikipédia et de sites Internet sur le cinéma québécois.

Philippe Falardeau et François Falardeau, le 7 novembre 2011.
Photo : Céline Dumais.

Né à Hull en 1968, Philippe est le fils de Jean Falardeau et de Claire Lafrance, et le petit-fils de Victor Ovide Falardeau et Auréa Gingras. Le père de celui-ci, prénommé également Victor-Ovide, fut maire de Hull en 1901 et 1902 puis en 1904-1905. Il fut aussi échevin entre ses deux mandats de maire : de 1903 à 1904 et de 1909 à 1922 (informations trouvées dans le Répertoire des élus municipaux en Outaouais de 1845-1975).

Victor-Ovide Falardeau, maire de Hull.
Photo : Répertoire des élus municipaux en Outaouais,
de 1845 à 1975.

Bien que j’aie vu sur un site que le maire descendait de Jean François, dernier fils de Guillaume et Marie Ambroise Bergevin, je considère qu’il est plutôt le descendant de Charles, quatrième enfant de Guillaume et Marie Ambroise. Nous reviendrons éventuellement sur le mélange causé par les deux Falardeau qui ont épousé deux Angélique Bédard à quelques années d’intervalle.

Philippe Falardeau fait des études en sciences politiques et en relations internationales à l’Université d’Ottawa de 1985 à 1989 où il reçoit la Médaille d’argent de l’université ainsi qu’une bourse commémorative. Il travaille ensuite pendant deux ans en tant qu’analyste politique pour la Fédération des francophones hors Québec, où il écrit Hier, la francophonie, un survol historique de la diaspora francophone canadienne.

En 1992, il participe à l’émission La course destination monde, diffusée sur les ondes de Radio-Canada. Il remporte la Course et rafle également le prix du Centre de recherche pour le développement audiovisuel. C’est le début d’une nouvelle carrière.

Suivent deux ans de travail à Paris en tant que réalisateur pour l’édition française de l’émission Surprise sur prise, sur France 2. Puis, il travaille sur le documentaire Attendre de Marie-Claude Harvey sur la situation au Sud-Soudan produit par l’Office national du film du Canada (ONF). En 1995, également à l’ONF, il collabore à l’écriture du Sort de l’Amérique avec Jacques Godbout et René-Daniel Dubois. Il tourne en 1997 un moyen-métrage satirique sur l’immigration asiatique au Canada, Pâté chinois.

En 2000, il réalise son premier long-métrage, La Moitié gauche du frigo, mettant en vedette Paul Ahmarani et Stéphane Demers. Ahmarani y joue un jeune chercheur d’emploi accompagné et filmé durant sa recherche par un réalisateur, joué par Stéphane Demers. Une œuvre originale, pleine d’humour et parfois déroutante; il s’agit d’un « faux documentaire », mais on a vraiment l’impression de partager la vie d’un réalisateur et d’un chercheur d’emploi.

Son deuxième long-métrage, Congorama, sorti en 2006, met en scène un inventeur belge, Michel Roy (Olivier Gourmet), marié à une Congolaise qui part au Québec à la recherche de ses parents biologiques (il serait né 41 ans plus tôt dans une grange à Sainte-Cécile). Au hasard d’une rencontre avec un Québécois, Louis Legros (Paul Ahmarani), Roy transformera l’industrie de l’automobile… Privilège rare pour un film québécois, Congorama, dont Philippe Falardeau est à la fois le scénariste et le réalisateur, a été présenté en clôture à la Quinzaine des réalisateurs de l’édition 2006 du Festival de Cannes. Il gagnera ensuite cinq prix Jutra en 2007, dont meilleur film, meilleure réalisation et meilleur scénario, puis le Prix du public aux Rendez-vous du cinéma québécois, 2007.

Après deux comédies « cérébrales », Philippe sort en 2008 une nouvelle comédie, mais pour le grand public cette fois : C’est pas moi, je le jure!, adaptée de deux romans de Bruno Hébert. Dans ce film, un enfant de 10 ans, Léon Doré (Antoine L’Écuyer), proteste à sa manière contre le divorce de ses parents (Daniel Brière et Suzanne Clément), et particulièrement contre le départ de sa mère, en faisant des mauvais coups qui tournent mal. Il entraîne dans ses aventures sa petite voisine Léa (Catherine Faucher). L’histoire se passe en 1968 dans le quartier de Saint-Michel à Montréal.

Ce film a été très bien accueilli, notamment au Festival du film de Berlin. Philippe a remporté l’Ours de cristal du meilleur long-métrage pour jeune public, puis le Grand prix Deutsches Kinderhilfswerk, remis par un jury de professionnels. Le prix est accompagné d’une bourse de 7500 euros. Les membres du jury ont jugé C’est pas moi, je le jure ! « original, drôle, provocant et profondément émouvant ». Le film a également remporté le prix du meilleur film canadien 2008 de l’Association des critiques de cinéma de Vancouver et du meilleur film canadien du Festival du film de l’Atlantique.

Son quatrième long-métrage, Monsieur Lazhar, vient d’être lancé au Québec, mais il avait d’abord été présenté en avant-première au Festival international du film de Locarno, en Suisse. Inspiré de la pièce pour un seul personnage de la comédienne et dramaturge Evelyne de la Chenelière, le film raconte l’histoire d’un Algérien de 50 ans, Bashir Lazhar (Mohamed Fellag), récemment émigré au Québec, qui va prendre le relais, dans une classe de sixième année, d’une enseignante disparue dans des circonstances tragiques. Bachir tissera des liens forts avec sa classe, mais… Je n’en dirai pas plus, mais je suis certain que vous apprécierez ce film émouvant.

Fellag est Algérien d’origine comme Bashir Lazhar. Il a vécu quelques années au Québec, mais depuis une quinzaine d’années, après un retour en Algérie qu’il a dû quitter comme monsieur Lazhar, il vit maintenant en France où il exerce le métier d’humoriste (Philippe nous disait qu’il tentera de le convaincre de présenter son spectacle au Québec). Il est une immense star en Algérie et les Algériens du Québec le reconnaissent quand ils le voient.

L’acteur connaissait la pièce qu’il avait découverte à l’occasion d’une lecture publique. C’est l’auteure Evelyne de la Chenelière qui l’a recommandé à Philippe Falardeau. Fellag donne une grande prestation, tout comme les deux jeunes, Sophie Nélisse et Émilien Néron, qui jouent Alice et Simon. Philippe Falardeau nous a expliqué le travail d’équipe qui permet de choisir, former et diriger des jeunes pour en faire des acteurs de grande qualité. D’autres excellents comédiens, comme Danielle Proulx, Brigitte Poupart, Jules Philip, Daniel Gadouas, Louis Champagne, André Robitaille et Francine Ruel, complètent une distribution de haut niveau. 

Émilien Néron et Mohamed Fellag.

Lancé au Festival du film de Locarno en Suisse où il a remporté le Prix du public et le Prix de la critique, il a obtenu le Prix du meilleur film canadien au Festival de Toronto 2011. Début octobre, le film a remporté le prix du public ─ long-métrage fiction, et le Prix spécial du jury au Festival international du film de Namur. Il a également été choisi pour représenter le Canada aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Nous saurons le 24 janvier prochain s’il fait partie des cinq films finalistes dans cette catégorie. La cérémonie des Oscars aura lieu le 26 février.

Ce film a clôturé le Festival du nouveau cinéma de Montréal le 23 octobre dernier et est enfin à l’affiche en salle au Québec depuis la fin d’octobre. Les recettes dépassaient déjà le million de dollars après trois semaines. Des ententes de distribution ont déjà été conclues avec une dizaine de pays, parmi lesquels la France, les États-Unis, l’Allemagne, l’Australie, le Brésil, la Nouvelle-Zélande et la Belgique.  Philippe Falardeau prépare actuellement un documentaire sur les durs à cuire du hockey d’après un scénario de Mathias Brunet. Il a sans doute bien d’autres projets, pour lesquels nous lui souhaitons un grand succès.

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