(Ce texte de François Falardeau a été originalement publié dans le Bulletin mensuel de l’Amicale généalogique Falardeau, volume 2, numéro 5, mai 2009.)
Nous avons vu dans le dernier bulletin (ou voir cette page de notre site) que la première génération des Falardeau de Nouvelle-France a fait preuve d’une sédentarité remarquable. Le seul pour lequel on retrouve une mention hors de la région de Québec est en effet Jean François, décédé à Montréal. Tout laisse cependant croire qu’il n’y était que de passage. Voyons maintenant ce qui en est de la génération suivante.
Des six garçons de Guillaume et Marie Ambroise Bergevin, trois, soit Jean Baptiste, Charles et Jean François, ont toujours habité et élevé leurs enfants dans la région de Québec, où ces derniers semblent avoir passé toute leur vie. Par contre, des enfants des trois autres fils de Guillaume et Marie Ambroise, soit Guillaume, René et Louis, ont migré à un moment de leur vie. Voici les détails dont je dispose actuellement à ce sujet.
Descendants de Guillaume fils
Si les huit premiers ont toujours vécu à Québec, la neuvième enfant de Guillaume fils, Marie Josèphe, épouse Alexis Grégy Lafleur le 11 novembre 1760 à Saint-Michel-d’Yamaska, village situé à une quinzaine de kilomètres à l’est de Sorel. Je n’en sais pas plus sur cette migration vers ce qui est aujourd’hui la Montérégie. Par contre, je sais que Marie Josèphe retournera dans la région de Québec, puisqu’elle mourra à Château-Richer le 30 mars 1793.
La dixième, Marie Charlotte, épouse d’abord, le 10 janvier 1757 à Charlesbourg, Thomas Maclure. Ce qu’il y a d’original, c’est que ce Thomas Maclure est né à Albany le 9 février 1735, ce qui en fait le premier « États-unien » de la famille où on ne trouvait jusqu’ici que des personnes nées en France ou au Québec. Thomas est décédé à Sorel le 29 avril 1767, ce qui laisse croire que la famille y avait aménagé. Marie Charlotte se remariera d’ailleurs à Saint-Michel-d’Yamaska, le 10 janvier 1774, à Joseph Giguère.
Descendants de René
La deuxième enfant de René, Marie Élisabeth, épouse Joseph Morin, à Charlesbourg, le 25 juin 1753. Elle déménage probablement un jour en Mauricie, puisqu’elle est décédée à Yamachiche, village situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Trois-Rivières, le 15 juin 1799. Ses sept enfants connus sont cependant tous nés dans la région de Québec de 1754 à 1765.
Descendants de Louis
Le deuxième enfant de Louis, Joseph Marie, se marie le 8 novembre 1756 à Beauport avec Geneviève Giroux Séguin. Celle-ci est décédée à Laprairie, village situé aujourd’hui entre Brossard et Kahnawake sur la rive-sud de Montréal, le 4 février 1762. C’est là qu’était né son dernier enfant, Jacques, décédé le jour de sa naissance, le 24 janvier 1762; Geneviève lui aura survécu une dizaine de jours. Le couple avait eu quatre autres enfants, tous morts âgés de moins de six mois, un à Québec et trois à Montréal. La première trace de la migration de cette famille est d’ailleurs la naissance de Marie Josèphe le 19 avril 1759 à Montréal. Il s’agit d’ailleurs de la première trace de l’existence d’un Falardeau en dehors de la région de Québec.
Louis se remarie à Laprairie le 19 avril 1762, soit deux mois et demi après le décès de sa première épouse, à Marie Charlotte Drinville, née à Montréal le 3 décembre 1742. Douze enfants naîtront de cette seconde union, de 1762 à 1783, deux à Saint-Laurent et les 10 autres en alternance entre Sorel (5), Berthier (2) et Île-Dupas (3). On peut trouver curieux que les naissances aient alterné entre Sorel, en Montérégie, et deux villages de Lanaudière. Il faut rappeler que les îles qu’on appelle encore aujourd’hui les îles de Sorel, se rendent jusqu’à Berthier. Un traversier fait d’ailleurs encore la navette, qui ne prend que 10 minutes, entre Sorel-Tracy et Saint-Ignace-de-Loyola, située sur trois des îles de Sorel, près de Berthier.
Le quatrième enfant de Louis, Jacques, épouse le 11 avril 1763 à Montréal Marie Josephte Denoyon, née à Boucherville en 1744. Leurs trois enfants connus naîtront à Montréal entre 1763 et 1766.
Je compte poursuivre éventuellement mes recherches sur toutes ces familles, étant conscient que pour l’instant je n’ai pas beaucoup de chair à mettre autour de l’os. Une chose me frappe pour l’instant : ces premières migrations sont contemporaines du changement de régime au Québec. La bataille des Plaines d’Abraham, qui marque le début de la fin pour la colonie française, se déroule en effet le 13 septembre 1759, cinq mois après la naissance de Marie Josèphe à Montréal. La capitulation définitive sera signée à Montréal le 8 septembre 1760, quatre mois après la tentative de reconquête lors de la bataille de Sainte-Foy le 28 avril 1760. Le mariage de Marie Josèphe Falardeau et Alexis Grégy Lafleur aura lieu deux mois après la capitulation, le 11 novembre 1760.
Je poursuivrai éventuellement la série sur les migrations, notamment en parlant des Falardeau qui ont émigré aux États-Unis. J’ai déjà parlé des six frères Falardeau impliqués dans la Guerre de Sécession américaine, mais il y en a eu beaucoup d’autres et leurs descendants sont nombreux encore aujourd’hui.