(Ce texte de Mario Falardeau a été originalement publié dans Le Feu Ardent, volume 1, numéro 3, novembre 2011.)
Un drame des plus émouvants se passa le 1er juin 1848 aux chutes des chaudières à Ottawa. Deux hommes de chantier, J. B. Boudreau et un nommé Falardeau, descendaient la rivière Ottawa sur une section de radeau (crib), lorsqu’ils s’éloignèrent de l’estacade qui devait les conduire dans la glissoire. Le radeau fut entraîné par le courant et se dirigea vers la cataracte. Les eaux de l’Ottawa étaient très hautes et s’abîmaient dans le gouffre avec un bruit terrible. Les deux malheureux recommandèrent leur âme à Dieu face à une mort des plus affreuses. Avant de tomber dans l’abîme, le « crib » se brisa. Falardeau réussit à se sauver en se lançant sur une roche à une centaine de verges au-dessus du précipice. Boudreau se perdit dans le gouffre.
Falardeau était vivant sur un rocher inaccessible aux embarcations de tous genres. Il était là, condamné à mourir d’inanition et de désespoir. Une foule considérable de spectateurs se tenait sur le pont suspendu et sur les bords du précipice, sans pouvoir porter secours au malheureux.
Falardeau était sur son rocher depuis 10 heures, qui semblèrent 10 éternités, lorsqu’un individu eut une idée des plus ingénieuses. C’était de faire parvenir une ficelle au malheureux au moyen d’un cerf-volant.
Lorsque Falardeau saisit la ficelle, on lui passa une corde, puis finalement un câble au moyen duquel il effectua son sauvetage. Depuis ce jour, le rocher où ce drame a eu lieu est connu sous le nom de la Roche à Falardeau.
Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ), collections numériques, journaux périodiques, La Patrie, jeudi 26 février 1885, page 4. Sous la rubrique « Le Bon Vieux Temps », 4e article, La Roche à Falardeau.