Par François Falardeau

Je veux d’abord remercier monsieur Jean-Claude Huguet, de Frontenac, qui m’a fourni plusieurs informations, et particulièrement la transcription qu’il a faite du Registre du conseil municipal de Frontenac, et monsieur Louis-Jean Frahier, descendant des trois maires dont nous allons parler (et même du quatrième mentionné à la fin), qui m’a communiqué plusieurs renseignements intéressants.

J’ai déjà parlé de cette famille de Follardeau de la Gironde qui a créé le vignoble du Château de Vaure et dont mon amie Céline et moi avons rencontré les descendants lors d’un voyage en France en 2018.

Château de Vaure : encore un peu de Follardeau – Amicale Falardeau

J’avais alors mentionné que deux Follardeau (Jean Désir et Louis Raymond) ont été maires de Ruch. En poursuivant mes recherches, j’ai également constaté que le père du premier, Raymond Follardeau, avait été maire de Sainte-Terre puis de Frontenac au début de la Révolution française. J’ai essayé d’en savoir plus sur ces trois maires de villages.

Les ancêtres de Raymond

Malheureusement, pour le moment, nous ne pouvons remonter plus loin que l’arrière-grand-père de Raymond, Mathurin Follardeau, qui épouse Marie de Coussy de Launay le 10 juillet 1683 à Sainte-Terre et décède en 1711; il était maître chirurgien. C’est le plus loin que j’ai pu remonter : l’acte de mariage n’indique pas le nom des parents des époux, et aucun Follardeau n’est témoin au mariage.

Mathurin est-il parent avec les Follardeau de Charente-Maritime, dont notre ancêtre Guillaume, son contemporain né vers 1669, probablement à Bignay? Le mystère reste entier pour le moment, mais la branche de Mathurin est la seule trouvée au sud de la Charente-Maritime, et Sainte-Terre n’est qu’à 170 kilomètres au sud de Bignay, dans le département voisin de la Gironde. À la même époque, un autre chirurgien, Jacques Follardeau, se marie à Saintes le 11 mai 1678. Lui non plus, je ne lui ai pas trouvé de lien avec notre Guillaume, même si Saintes est à seulement 20 kilomètres au sud de Bignay. Tous ceux-ci, et probablement bien d’autres dont j’ai déjà parlé, ont sans doute un ancêtre commun assez rapproché compte tenu du petit nombre de Follardeau dans cette région.

Mathurin était maître chirurgien, et son fils Jean (1686-1750), époux de Marie Ventouze (1683-1749), grand-père de Raymond, l’était également. Et un autre Jean (1723-1787), époux de Jeanne Richon (?-1760), fils du premier et père de Raymond, était avocat, comme Raymond. On peut donc dire que cette branche de Follardeau faisait partie de l’élite dans les différents villages où ils ont vécu.

Raymond Follardeau

Raymond Follardeau est né le 1er mars 1760 à Sainte-Terre, un petit village du département de Gironde, en France, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Bordeaux; d’après Wikipédia, sa population était de 2091 habitants en 1793. Comme je l’ai dit plus haut, il est le fils de Jean Follardeau et de Jeanne Richon.

Le 4 février 1788, Raymond épouse Marie Triaut à Frontenac, petit village d’un peu plus de 500 habitants situé à une quinzaine de kilomètres de Sainte-Terre, où Raymond habite toujours. Fait à souligner, Marie est sa cousine germaine. La mère de celle-ci, Élisabeth ou Isabeau Follardeau, est en effet la sœur de Jean Follardeau, père de Raymond. On mentionne dans l’acte de mariage que pour pouvoir se marier entre cousins, les époux « ont été dispensés par un bref de notre saint père le pape Pie VI ».

Raymond et Marie auront au moins six enfants : les jumelles Françoise et Marguerite, nées le 11 mai 1788 et décédées le lendemain; Marie, née le 21 octobre 1789 et décédée le 30 du même mois; Louis (1791-1867), demeuré célibataire; Jean (1792-1867) et Lucien, né le 7 frimaire an IX (28 novembre 1800) et décédé à trois ans. Nous reviendrons plus loin sur Jean, devenu Jean Désir, qui sera maire de Ruch.

Raymond Follardeau à Frontenac

Église de Frontenac où se sont tenues les assemblées du conseil municipal après la Révolution française (carte postale fournie par monsieur Jean-Claude Huguet).

Bien qu’il s’y marie le 4 février 1788, Raymond ne semble pas avoir habité à Frontenac immédiatement. Il est en effet identifié comme maire de Sainte-Terre au moment du baptême de son fils Louis, le 21 novembre 1891, et il habitait toujours ce village sans en être le maire lors du baptême de son fils Jean (plus tard appelé Jean Désir), le 6 novembre 1792 à Sainte-Terre. C’est tout ce que nous savons sur son séjour, dont son mandat de maire, à Sainte-Terre.

Il habite cependant à Frontenac au moins à compter du 19 décembre de la même année, car il déclare alors (première mention de monsieur Follardeau dans le Registre du conseil municipal) « renoncer purement au droit que j’ai de voter dans la commune de Sainte-Terre district de Libourne pour m’en tenir à l’exercice de ma qualité de citoyen actif dans la présente commune de Frontenac ». C’est alors un monsieur Bounin qui est identifié comme maire. Qu’en est-il de la commune à cette époque?

Le Registre du conseil municipal

Grâce aux transcriptions de monsieur Jean-Claude Huguet, nous sommes en mesure de prendre connaissance des décisions importantes prises par le conseil municipal du village de Frontenac au début de la Révolution française.

En lisant le Registre, nous constatons que le conseil, le comité de surveillance et les autres instances liées au conseil étaient appelés à prendre des décisions dans des domaines aussi divers que la construction d’une école, l’évaluation d’un vêtement, le choix des personnes à conscrire pour l’armée, la contribution financière exigée des habitants, l’achat de blé pour distribution aux indigents, la distribution du pain, etc. Ce qui frappe, parce que cela revient très souvent, c’est l’extrême pauvreté dans laquelle semblent avoir vécu plusieurs habitants de la commune, et la solidarité, parfois forcée, pour aider les plus démunis.

Quelles sont les causes de ces difficultés financières? Il y a sans doute la température. Ainsi, il semble que la saison 1792 ait été « ravagée par le fléau terrible de la grelle » (grêle?). Le 21 avril 1793, on dit que « pour cette raison la commune est sans grains et n’a pu s’en procurer ». On en réclame donc à l’administration du Département.

L’aide ne semble pas être venue en quantité suffisante, car dès l’année suivante, le 1er nivôse an II (21 décembre 1793), le conseil général constate « le peu de subsistance qu’il y a dans cette commune d’après le recensement des grains » : pas assez « pour alimenter pendant près de sept mois 600 individus si nous ne prenons de grandes mesures ». On invite « les citoyens qui s’adonnent aux travaux les plus indispensables de la culture à trois quarts de livre de pain par jour, et les autres citoyens à une demi-livre ».

Le 20 germinal an II (9 avril 1794), on constate que des citoyens refusent de partager leurs grains avec ceux qui n’en ont pas sous prétexte qu’ils n’en ont que très peu, et le conseil général décide de les y forcer, et en cas de refus d’envoyer « aux frais du particulier une garnison de quatre hommes » pour les y obliger. Cette situation reviendra à quelques reprises, les citoyens acceptant difficilement ce partage.

Ajoutons à cela le problème des assignats. Un mot d’abord pour tenter de résumer les changements aux finances de l’État après la Révolution française. Les caisses de l’État étant vides, et les dettes très importantes, le gouvernement révolutionnaire décide de nationaliser les biens du clergé. Cette nationalisation, étalée sur plusieurs mois, doit rapporter entre deux et trois milliards de livres. En attendant de toucher cette somme, l’État émet des assignats, c’est-à-dire des billets basés sur la valeur du patrimoine religieux en cours de nationalisation. Pour des raisons qu’il serait long d’expliquer, mais principalement parce qu’on émet des billets pour une valeur dépassant la valeur des biens nationalisés et aussi par l’impression de faux, ces assignats en viennent à perdre de la valeur et sont finalement déclarés sans valeur; on parlera d’assignats démonétisés. C’est un peu ce qui est arrivé lors de la conquête du Canada par les Anglais : la monnaie de cartes (des cartes à jouer sur lesquelles on avait indiqué une valeur) ne sera que peu honorée à partir de 1760, tant ici qu’en France. Si je parle de cette situation, c’est que le séjour de Raymond Follardeau à la mairie de Frontenac sera fortement influencé par cela.

J’ajoute que la commune de Frontenac semble avoir partagé, du moins officiellement (on pourrait dire par obligation, pour ne pas passer pour réactionnaire et mal finir!), les idéaux révolutionnaires. Par exemple, on parle toujours de « la République une et indivisible » et le 17 thermidor an IV (4 août 1796), on indique que « sous la proposition du président tous les citoyens présents ont juré une haine éternelle à la Royauté et fidélité à la République. »

Appelé à commenter cette analyse, monsieur Jean-Claude Huguet m’a parlé de la situation politique à l’époque, qui explique aussi en bonne partie les difficultés de Frontenac :

« A l’époque où Raymond Follardeau devient maire, la France est dominée par les Montagnards qui imposent des mesures pour faire face à la guerre lancée par leurs prédécesseurs et pour faire face aux difficultés des plus pauvres. Jusque-là, la Révolution n’avait profité qu’aux plus riches ! Ne croyez pas que tous les habitants sont pauvres ! Mais il y a une volonté de la part des Montagnards d’avoir une société plus juste et plus égalitaire.

Pour faire face à ces difficultés, les Montagnards ont imposé la Terreur dans l’été 1793 avec un maximum des prix et des salaires. Il y a certes des mauvaises récoltes, mais aussi des personnes appelées « les accapareurs » qui cachent les grains pour faire monter les prix et faire tomber le régime. D’où un comité de surveillance chargé de retrouver et de pourchasser devant le tribunal révolutionnaire ceux qui ont de telles pratiques. Il y a aussi une méfiance très grande contre les nobles et le clergé dont beaucoup de membres ont quitté la France et mènent la guerre contre elle avec les autres monarchies, suite à l’exécution de Louis XVI. »

Quant au partage des idées révolutionnaires : « C’était obligé si on ne voulait pas passer pour un traitre à la République ! Pas sûr qu’au fond d’eux-mêmes tous les conseillers municipaux partagent ces idées : mais la guillotine fait peur ! »

L’implication de Raymond Follardeau à Frontenac

C’est dans ce contexte (grêle qui a ravagé les cultures, problème des assignats et surtout la guerre intérieure contre les régions révoltées et les attaques extérieures) que Raymond s’implique à Frontenac. Le 27 octobre 1793, il est nommé au comité de surveillance, qui compte 12 membres. Le 17 pluviôse an II (2 février 1794), il en devient président.

Le 27 avril, à la suite du décès du maire Bonin, on nomme le citoyen Desportes pour le remplacer. Puis le 27 août, on nomme « pour exercer les fonctions de maire » trois personnes, les citoyens Ducros, Desportes et Follardeau. Et le 15 brumaire an III (5 novembre 1794), Raymond annonce qu’il « se démet de ses fonctions d’officier public pour s’en tenir à exercer les fonctions de maire ». On en déduit donc qu’il est maire à compter de cette date.

Je cite monsieur Huguet, qui situe cette période dans la politique française : « Après le 9 thermidor an II [27 juillet 1794], le gouvernement des montagnards tombe : ce sont les anciens girondins, plus libéraux, plus à droite et les députés de la plaine qui reviennent au pouvoir et mettent fin à la Terreur. C’est la période dite thermidorienne qui s’achève le 26 octobre 1795. Le nouveau régime appelé le Directoire qui suit supprime les municipalités et crée des municipalités de canton d’où la disparition de la fonction de maire. C’est Bonaparte qui rétablira cela en arrivant au pouvoir. » 

Les principales décisions du conseil pendant son court séjour comme maire portent sur l’aide aux indigents. Ainsi, le 7 prairial an III (26 mai 1795), on décide que « les assignats démonétisés de cinq livres jusqu’à vingt-cinq seront reçus en payement de subsistances de ceux qui seront reconnus n’avoir d’autre ressource. » C’est là une autre façon d’aider les plus démunis.

Sous sa gouverne, le 20 nivôse an III (9 janvier 1795), le conseil accepte la proposition des administrateurs du district de Cadillac de fusionner les communes de Cessac, Lugasson et Frontenac. Cette fusion n’a pas été réalisée puisque ces trois communes existent encore aujourd’hui.

Je n’ai pas trouvé le moment où il cesse d’exercer les fonctions de maire, mais sa dernière mention comme maire est le 5 fructidor an III (22 août 1795), et le 15 brumaire an IV (6 novembre 1795) il est identifié comme citoyen. On peut penser qu’il est demeuré maire jusqu’à la disparition de la fonction avec l’arrivée du Directoire.

 La dernière mention de Raymond dans les registres de Frontenac est le 17 thermidor an IV (4 août 1796).

Raymond Follardeau à Ruch

On peut présumer que monsieur Follardeau continuait durant cette période d’exercer son métier d’avocat, ou qu’il disposait déjà d’une fortune assez importante, puisque, comme me l’indique monsieur Huguet, « au moment de la mise en place de l’emprunt forcé de l’an IV (décembre 1795), il est le second plus riche personnage de Frontenac avec une fortune estimée à 16000 livres et un domaine affermé pour 2000 livres. » En consultant divers documents, on peut constater que ses ancêtres disposaient déjà d’une fortune imposante, provenant à la fois de leur profession et du fait qu’ils ont épousé des femmes disposant également de sommes importantes.

Le 12 brumaire an V – 2 novembre 1796 – (information obtenue de monsieur Louis-Jean Frahier), il achète au citoyen François Jacques Marie Bergeron, « cultivateur » de la commune de Frontenac « le bien et domaine de Vaure avec toutes ses appartenances et dépendances, sises et situées dans les communes de Ruch, Blasimon, Bossugan, Pujol et Doulezon, le tout consistant en sept métairies, bois, prées, vignes, terres incultes, avec la maison de maître et jardin adjacent… pour le prix et somme de cent vingt mille livres [plus d’un million d’euros en monnaie d’aujourd’hui], en numéraire payable savoir cinquante mille livres dans six mois, et le restant dans six ans, le tout à compter de ce jour, avec l’intérêt sans aucune retenue créée ni à créer. »

Ruch, où il déménage probablement à ce moment puisqu’on ne le retrouve plus à Frontenac, est situé à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Frontenac. Le château de Vaure, dont nous parlerons plus loin, existe déjà à Ruch, ayant été construit vers la fin du 16e siècle ou au début du 17e siècle. On peut penser que c’est à cet endroit qu’il vivra alors. On peut également présumer qu’il contribuera au développement du vignoble qui existe encore aujourd’hui. Il décède le 30 avril 1822 à Ruch.

Jean « Désir » Follardeau

On sait peu de chose sur ce cinquième enfant et deuxième fils de Raymond. Comme nous l’avons mentionné plus haut, Raymond a eu six enfants, mais ses trois filles sont décédées peu après leur naissance et le dernier fils, Lucien, est décédé avant d’atteindre l’âge de quatre ans. Comme Louis mourra célibataire le 21 mars 1867 à Ruch, seul Jean a eu une descendance.

Né à Sainte-Terre le 6 novembre 1792, il est baptisé le lendemain et on lui donne le prénom Jean. Le 22 juillet 1835, il épouse à Gironde-sur-Dropt Jeanne Dussaux, née le 24 octobre 1810 à Langon. Tous les villages mentionnés sont en Gironde. Il décède le 5 janvier 1867 à Ruch; son épouse décèdera beaucoup plus tard, le 13 mars 1899.

On sait qu’il fut maire de Ruch de 1830 à 1833. On le retrouve en effet sur la liste des maires affichée à la mairie de Ruch. On le nomme Jean Désir Follardeau. Quand a-t-il ajouté ce « Désir » à son nom, nous l’ignorons, mais c’est le prénom mentionné à son mariage. Nous n’en savons pas plus sur sa vie professionnelle, et de sa vie familiale nous savons seulement qu’il a eu au moins un enfant.

Liste des maires de Ruch, photographiée à la mairie en 2018.

Louis-Raymond

Louis-Raymond Follardeau à la barre, photo fournie par Louis-Jean Frahier

Le fils de celui-ci, Louis-Raymond, né le 4 juillet 1841 à Ruch, épouse, le 25 juillet 1864 à Lignières-Sonneville, Marie Thérèse Adrienne Renard, née le 5 mars 1844 à Lignières-Sonneville. Sa carrière à la mairie fut beaucoup plus longue que celle de son père, puisqu’il fut maire, mais pas de façon continue comme nous le verrons, de 1874 à 1914. On le voit sur la liste des maires et aussi sur cette plaque à l’extérieur de la mairie, disant qu’il était maire au moment de la restauration de l’édifice de la mairie.

Plaque sur l’édifice de la mairie de Ruch photographiée en 2018      

J’ai trouvé peu d’informations sur cette longue période de Louis Raymond à la mairie.

J’ai cependant trouvé dans deux journaux de l’époque des informations contradictoires sur ses orientations politiques et son acceptation comme maire. Et monsieur Huguet m’a donné une information supplémentaire, comme nous le verrons plus loin.

Ainsi, lors de son arrivée à la mairie, le journal Le Républicain du 10 février 1874 écrit; « La Gironde annonce la révocation du maire de Ruch, M. Durand, républicain convaincu, qui avait su s’attirer l’estime de la population, et avait beaucoup contribué, par ses actes et par ses paroles, à répandre les idées démocratiques dans la contrée. On l’a remplacé par M. Follardeau, qui a été tour à tour bonapartiste et légitimiste, et dont tous les titres à cette nomination consistent dans une admiration sans bornes pour le Syllabus.»

Sept ans plus tard, à la suite d’une autre élection, on trouve pourtant dans La petite Gironde du 17 février 1881 : « Fête républicaine. — À l’occasion du triomphe de la liste républicaine aux élections municipales de la commune de Ruch, le maire, M. Follardeau, a donné un punch aux électeurs. Les jeunes gens qui assistaient à cette petite fête ont offert un bouquet aux conseillers, et l’un d’eux a prononcé l’allocution suivante : Messieurs les Conseillers, qu’il soit permis à la jeunesse de Ruch, dont je suis l’interprète, de venir vous apporter son tribut de félicitations. Avec vous, une ère nouvelle vient de s’ouvrir pour notre commune. Désormais, tout conflit sera banni du Conseil municipal, et cette Assemblée homogène veillera, nous en sommes tous persuadés, aux Intérêts de Ruch. Après une lutte de plusieurs années, enfin vous avez pu triompher d’un parti néfaste qui depuis longtemps déjà n’aurait pas dû exister. Ruch peut dire aujourd’hui qu’il possède une municipalité digne de la France républicaine, attachée à ses institutions et prête à combattre pour maintenir le gouvernement que la France s’est donné librement. Et maintenant. Messieurs, que vous avez triomphé, tendez la main à vos adversaires politiques, oubliez les haines invétérées, et faites tout pour le bien de notre chère commune. Vivent les Conseillers! Vive la République! Le maire a répondu : Mes chers amis, Le Conseil municipal est heureux de vous offrir ce punch comme l’expression de sa vive gratitude et comme le symbole de notre union, union qui aura des résultats féconds et qui fera notre force. Je bois à nos chers électeurs. »

Monsieur Jean-Claude Huguet m’a fait parvenir un extrait du Courrier du soir du 19 décembre 1888, accessible sur RETRONEWS. On peut y lire :  « Maires suspendus — MM. Banizette, maire de Clairac, Follardeau, maire de Ruch, et Cazaubonne, maire de Daubèze, sont révoqués de leurs fonctions pour avoir pris une part active à la dernière réunion monarchite organisée par M. Hervé à Sainte-Foy… ».  Après sa révocation en 1888, Louis-Raymond Follardeau est redevenu maire au printemps 1890.

Bonapartiste et légitimiste (monarchiste) avant 1874 d’après Le Républicain, républicain convaincu en 1881 d’après La petite Gironde, monarchiste en 1888 d’après Le Courrier du soir, y avait-il un peu de Talleyrand en lui?

Être maire d’un village d’environ 700 habitants n’est évidemment pas un emploi à temps complet. Nous avons déjà mentionné sur le site de l’Amicale (Château de Vaure : encore un peu de Follardeau – Amicale Falardeau) cette citation d’Édouard Féret dans Bordeaux et vins classés par ordre de mérite, édition 1898, disant que « monsieur Follardeau fut un des premiers, dans la contrée, à adopter la culture des vignes américaines greffées. Par ses soins intelligents, il a conservé quelques-unes de ses vieilles vignes, et aujourd’hui son vignoble peut être considéré comme un modèle de reconstitution de nos vignobles phylloxérés. Son exemple est de jour en jour plus suivi dans les environs. »

Monsieur le maire a donc sauvé son vignoble, et sans doute contribué à en sauver d’autres. Son grand-père, qui avait acheté le vignoble en 1796, aurait été fier de lui.

Comme je le mentionnais dans le même article, c’est par les descendants de sa fille Marie-Thérèse et le conjoint de celle-ci, Henri Carrère, que le vignoble, ou du moins le château qui s’y trouve, est demeuré dans la famille jusqu’à aujourd’hui. Le vignoble est maintenant géré par une coopérative, dont Philippe de Larrard, arrière-petit-fils de Marie Thérèse, est un des gestionnaires. Et Louis-Jean Frahier, qui m’a fourni beaucoup d’informations, est aussi son arrière-petit-fils. Et la descendance de Raymond est assurée pour longtemps, car la cousine de Philippe, Anne de Larrard, qui habitait également au château lors de notre visite en 2018, nous a présenté sa toute petite fille, Anna.

Pour terminer, je parlais au début d’un quatrième maire : Louis Delom-Sorbé, médecin, époux de Marie Louise Carrère, petite-fille de Raymond Follardeau, a été maire de Ruch de 1935 à 1971. Il est le grand-père de Philippe, Anne et Louis-Jean.

Salutations et longue vie aux descendants de cette lignée.

Anna Romet-Lemonne en 2018 (photo : François Falardeau)

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